
Qu’est-ce qu’Assassin Creed ?
Il est probablement inutile de présenter cette licence qui est pour le grand public l’archétype du jeu historique depuis la publication par Ubisoft de son premier volet en 2007. Age of Empire , qui pouvait prétendre autrefois à ce titre, n’a jamais touché un public aussi large. N’étant pas homme à manquer une occasion de s’exprimer, le Vicomte de Resette préfère tout de même le rappeler :
Assassin’s Creed est un jeu d’action-aventure et d’infiltration dont chaque épisode met en scène une nouvelle période historique qui se veut une reconstitution fidèle et à priori neutre. Il existe toutefois une trame commune à la plupart des épisodes.
L’archétype du jeu historique
Le jeu est le récit des aventures de Desmond Miles, un jeune homme contraint à collaborer avec Abstergo Industries, une multinationale testant un appareil qu’ils appellent l' »animus » et dont la fonction est de permettre à un sujet de revivre les souvenirs de ses ancêtres. Dans le cas de Desmond, la mystérieuse organisation s’intéresse à la vie de son ancêtre du douzième siècle, Altaïr, un nizarite ayant vécu pendant la Troisième Croisade.

Les nizarites étaient une secte mystique de musulmans chiites qui vécurent en Syrie à l’époque des croisades, ils étaient célèbres pour leur habileté en tant que tueurs. Ainsi, leur surnom « ḥašašyīn » est à l’origine du terme francisé « assassin » aujourd’hui passé dans le langage courant.

Dans la peau de son ancêtre assassin, donc, Desmond revit la Troisième Croisade en tant que maître de l’assassinat, de l’infiltration et de l’escalade. Il met à jour un complot orchestré par l’Ordre des Templiers et découvre que les deux ordres se sont menés une guerre secrète à travers l’histoire. Abstergo, ses ravisseurs, n’étant que le visage moderne des templiers, que Desmond devra affronter à une époque différente dans chaque jeu. En chemin, le héros rencontre bon nombre de figures importantes de l’Histoire comme Richard Cœur-de-Lion ou Léonard de Vinci. Toutes ces périodes historiques sont reliées par une intrigue de science fiction inspirée par les films Indiana Jones.
La référence REVENDIQUÉE du jeu historique
Ubisoft ne cache pas sa volonté de faire d’Assassin Creed la référence ultime des jeux vidéos historiques, il n’est aujourd’hui plus permis de penser à ce genre sans penser à cette licence. Pour cela, son équipe dédie un volet d’Assassin Creed à toutes les périodes historiques imaginables, même lorsque l’intrigue et même le système de jeu se trouvent bien loin de la licence d’origine.

A cette fin, Ubisoft propose des « modes découverte » dans ses jeux les plus récents, ceux-ci nous font découvrir l’Egypte ou la Grèce Antique en tant que spectateur d’un monde ouvert, sans être associé à l’intrigue principale. De plus, l’entreprise met en avant sa collaboration avec des historiens et des créateurs d’origines diverses.
Pourtant, sans même aborder les aspects de pure science-fiction de la licence, on note qu’Assassin Creed ne s’est jamais démarqué par la rigueur de son travail historique…
Si certains écarts sont acceptables pour rendre une fiction intéressante, la licence s’illustre tout de même par des anachronismes vestimentaires ou architecturaux de même que par des prises de parti assez tranchées et éloignées de la nuance ou même de la réalité historique. Ces écarts sont souvent dus à un sensationnalisme tout hollywoodien qui préfère faire de César Borgia un méchant sans la moindre ambiguïté, incestueux et parricide…

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Parfois les écarts historiques sont faits pour des raisons plus politiques, notamment afin de renforcer l’inclusion des jeux. Ainsi, la Grèce et la Scandinavie antiques affichent une égalité stricte des sexes et une grande tolérance des sexualités. Une cause louable pour beaucoup, mais qui donne une représentation assez peu crédible de ces périodes et de ces peuples. Ubisoft le sait et s’en excuse cependant lors de déclarations faites en jeu.

D’autres fois, tout est mélangé et simplifié, voire substitué à des clichés qui ont depuis longtemps été démystifiés par les historiens. C’est le cas des représentations des révolutions française et américaines qui furent controversées, ou de la conquête viking de l’Angleterre qui extrapole et prend d’énormes libertés historiques afin de justifier que le héros puisse être à la fois un conquérant viking et un défenseur de la justice sociale : les Danois sont ici les libérateurs du monde anglo-saxon chrétien intolérant et oppresseur.
Nous comprenons mais nous estimons aussi qu’Assassin Creed devrait choisir entre être un cours d’Histoire, un détournement hollywoodien et une avant garde d’inclusion. Il est tout à fait légitime de s’inspirer de l’Histoire pour créer une fiction des plus divertissantes, mais il serait plus honnête de ne pas revendiquer le titre d’émissaire de l’Histoire en même temps.